Business

14 février 2023

Ce qu’il faut savoir sur Castafiore

Lancée l’année dernière par deux insiders du monde du bijou, Castafiore s’affirme comme la plateforme de référence sur le marché du bijou de seconde main.

Par Sandrine Merle.

 

 

1/ Castafiore, un nom teinté d’humour

Castafiore est le nom de la plateforme de vente et d’achat de bijoux anciens (antérieurs à 1950), vintage (de plus de 20 ans) ou pre-owned (les plus récents). Les deux fondatrices Anne Borne et Charlotte Rey ont choisi ce nom en référence au personnage haut en couleur de Hergé : Castafiore, une cantatrice archétypale qui éprouve une folle passion pour les bijoux et les porte de façon exubérante et décomplexée.

 

2/ Derrière Castafiore, deux insiders de la joaillerie

À des années-lumière de ce personnage fantasque apparaissant dans les albums de Tintin, les fondatrices ont tout pour qu’on leur fasse confiance. Charlotte Rey a passé 20 ans chez Cartier au retail (distribution) et à la direction de la haute joaillerie France, Europe et Moyen-Orient. Elle a donc travaillé avec les pièces les plus extraordinaires que l’on puisse imaginer et les clients les plus exigeants. De son côté, Anne Borde a passé 30 ans dans le monde des commissaires-priseurs où elle a inventorié et expertisé meubles, tableaux, livres avec une prédilection pour les bijoux. Son oeil infaillible en a vu passer des milliers, griffés, non griffés, anciens, vintage, très précieux, sentimentaux, etc. Une parfaite complémentarité entre ces deux parcours.

 

3/ Castafiore, quel business model ?

Le business model a permis de lever, un an après la création de Castafiore, un million d’euros. Elles sont parties d’un constat : les vendeurs sont complètement livrés à eux-mêmes ne sachant pas si le bijou est en or, qui l’a fabriqué, ce que valent les pierres, etc. Les acheteurs sont confrontés aux mêmes questions. Castafiore est donc là pour les accompagner, les guider et les rassurer grâce à la certification. Une véritable expérience de luxe dans le secteur du bijou d’occasion. Ce qui leur permet de vendre des pièces approchant les 30 000 euros (comme le collier de Georges Lenfant) et d’avoir des acheteurs qui deviennent des vendeurs et vice et versa.

 

4/ Castafiore, une curation exclusive

Cette expérience de luxe passe aussi par la curation de Castafiore : la sélection de bijoux (à partir de 500 euros) est faite avec un goût très sûr. « Dans ce registre de la seconde main, il y a en effet le pire comme le meilleur », précisent-elles. Castafiore répertorie aujourd’hui 5 000 bijoux de toutes les époques, l’objectif étant d’atteindre les 10 000 l’année prochaine. Ils viennent de particuliers ou d’antiquaires à la recherche d’une belle visibilité y compris aux États-Unis où Castafiore se développe rapidement. « Chaque bijou est choisi pour sa valeur perçue », explique Charlotte Rey. Autrement dit, pour son aura, pour l’effet produit grâce au dessin, à la qualité du savoir-faire et à la résonnance avec les désirs immatériels de l’air du temps. Et ce, au-delà de la valeur intrinsèque des matériaux (pierres et métaux).

 

5/ Castafiore, une prédilection pour le bijou non signé

Castafiore tient à rendre justice aux bijoux non signés qui représentent aujourd’hui la moitié de leur sélection et encore la majorité du marché. « Il faut sortir du carcan de la marque car ces pièces uniques, très bien réalisées par des artisans anonymes (généralement français) permettent de se différencier. Et elles sont beaucoup moins chères ! », affirme Anne Borde. Dans ce registre, la très belle chaîne en maille cordée retenant un pompon en corail, en onyx et en or mais aussi la broche bicolore en or mat formée par 2 grandes feuilles, méritent le plus grand respect.

 

Bijoux griffés/non griffés, les enjeux

 

6/ Castafiore, les nouveaux portés du bijou vintage

Toujours dans le but d’accompagner et de guider les particuliers, les deux fondatrices produisent des images de portés contemporains. Postées sur l’instagram @Castafiore, elles remettent en avant des bijoux boudés pendant des décennies comme les chaînes en or filigrané du XIXe siècle, les broches en or texturé des années 50, etc. sur du jean, des gros pulls, etc. Moderniser le bijou de seconde main, un pari réussi.

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